lundi 19 avril 2010

Huppé cul 3 (hc 23) - De ma sortie de l’Institut à l’avènement de Moto Mosusu

Didier de Lannoy
Huppé cul !
assemblage de chroniques prétendument quotidiennes, janvier-mai 2008
Série 3 - Extraits


D'autres dépêches des séries Huppé cul, etc ?
- Huppé cul 1: cliquez sur
http://jodi.over-blog.net/ext/http://huppecul1.blogspot.com/



Je rate mon entrée à l'Institut


A peine admis à « l’Institut », je m’en suis fait jeter comme un malpropre, comme un kleenex, comme un tampax.

Et pourtant, j’avais fait1 tout ce qu’on me demandait…

J’avais soigneusement enlevé mon maquillage et mes bijoux... Je m’étais soigneusement coupé les ongles... Je m’étais lavé (d’abord le haut, ensuite les jambes et les pieds) soigneusement tout le corps, y compris les parties génitales et le pli inter-fessier…

Je n’avais pas emballé mon dentier dans une couche-culotte usagée… que je n’avais pas, ensuite, déposée (par inadvertance) sur le plateau de repas ou glissée (malicieusement) dans la taie d’oreiller de mon voisin de chambre, supporter d’Anderlecht et ronfleur…

On m’a

- L’Institut décline toute responsabilité en cas de perte de vie humaine !

quand même jeté !


A peine entré, foutu dehors ! Avec tout de même, un

- Un rein, c’est moins que rien !

un rein en moins.


Et l’ « Huppé cul, 22 » dont j’avais diffusé un « à-valoir » et que j’avais promis de compléter bientôt, aussitôt après mon retour de mission ?

On laisse tomber, quoi ! Et on passe rapidement à autre chose : un « Huppé cul, 23 ».

On ouvre ainsi la voie à la série des inutiles et des « jetables » : les briquets, les vainqueurs de courses d’ânes, les slips en papier, les fleurs d’agave, les pièces de monnaie lancées dans la cuvette des chiottes, les tétons (mordillés, arrachés, recrachés et) retrouvés sous la douche ou dans la baignoire, les produits chapardés à l’étalage (parfums, biscuits, soutifs, alcools), les rouleaux de PQ auxquels on met le feu dans les stades de football, les

- Olivier Le Brun les rappelle vivement à mon attention ! Et c’est qu’il insiste, le bougre !

salariés de Lidl ou d’ailleurs, les cordons ombilicaux, les prépuces, les « femmes rentrantes »2 ayant besoin d’une remise à jour informatique pour pouvoir exercer la profession de call-girl, les capotes à usage unique, les

- Des jetables ? Des nuisibles !

zizis de prêtres

- Prestidigitateurs au chômage ! Enculeurs d’angelots (lesquels s’arc-boutent aux corniches, des mains et des genoux, dressent les fesses… et se laissent tringler, an nom de Jésus, par peur d’être précipités dans le vide… et, transformés en gargouilles grimaçantes, crachent leur soupe aux blettes et de gros morceaux de lard sur les passants) !

catholiques romains, la poussière et les grains de sable au fond des poches des nouveaux pauvres (ceux qui achètent des cigarettes à la tige et une demi-boîte

- Coupée dans quel sens ?

de concentré de tomates au wenze du rail, en face de l’Académie des Beaux-Arts, dans la commune de Lingwala, à Kinshasa), les rasoirs, les fantasmes, les papillons d’une seule matinée, les morves, les crachats, les pudeurs, les trous de mémoire

les reins.


La dite « nouvelle série » des « Huppé cul », axée sur la spiritualité, la famille et les transports en commun est donc à présent terminée ? Et que deviennent Dieu, ma femme mariée, Cannabis et le tram 81 dans tout ce bazar ?

Dieu, ma femme mariée, Cannabis et le tram 81 continueront

- Qu’est-ce qui change alors ?

- Rien… Mais on ne sait jamais…

cependant d’être les personnages essentiels de la série des « jetables »


Cannabis, toujours à son propos


Cannabis demeure et

- Le raboteur, le chercheur d’or et de pierres précieuses, l’évadé de Guantanamo ?

gratte et creuse et gratte et creuse et gratte et creuse

obstinément.


Ma femme mariée ne supporte plus de dormir avec deux rats en dessous de ses draps et me préfère

- Avec toi non plus ! Tu ronfles trop fort !

- Que dois-je faire alors, passer la nuit sur le palier (à côté du pispot), devant la porte de la chambre, couché sur un coussin, une natte, un pagne ?

Cannabis


270 grammes de chaleur humaine.

Comme un

- Cannabis n’est pas un rat, c’est un octodon !

sein qui aurait des poils tout lisses et un gentil museau et qui gambaderait partout et

se laisserait prendre dans le creux de la main.


Le crocodile et l’hippopotame


Le crocodile n’est pas une véritable plante aquatique.

Son régime alimentaire comprend néanmoins un certain nombre d’espèces végétariennes.


L’entrée principale de l’hippopotame, c’est la gueule.

Les poissons-nettoyeurs et autres membres du personnel d’entretien pénètrent par l’anus.


Ana, je ne l’apprends à personne, est un recueil de bons mots


Quand je la fais trop chier ma femme mariée descend au rez-de-chaussée jouer au scrabble, contre elle-même, k-way contre waika, Ana contre Ana, vice contre versa.

Elle gagne toujours. Et je me garde bien de la féliciter.

A tord sans doute car, dès le lendemain, elle redescend au rez-de-chaussée, prendre sa revanche.


Diable, le Standard de Liège ne sera donc jamais champion de Belgique de football ?


Presque quatre heures du matin. J’ai très mal au bide, comme

- Le retour de Grand Satan ? Le réveil de Pancréas ?

à l’époque de ma pancréatite et j’empêche tout le monde de dormir. J’écris une page ou deux sur mon ordinateur puis, une heure plus tard, me tordant de douleur, je descends au salon, attendre

- Le Standard n’a-t-il plus que sept point d’avance sur Anderlecht ?

le journal de lundi… qui n’avait pas encore été déposé dans la boîte, je fume une clope et je remonte me coucher, dans le même lit que tout le monde, ma femme mariée, moi-même et

- Notre jeune homme de la maison, au pelage soyeux et aux moustaches titillantes !

Cannabis.

Le championnat n’est pas encore terminé. Tout reste possible. Il faut s’attendre à tout. On ne doit rien refuser. Le Standard peut encore se faire battre sur le fil.

Seule la mort libère.

Dans une prochaine vie, je voterai pour le Standard de Gand !


Les apparitions et les disparitions


Ces derniers temps, Marie n’apparaît plus sur les trottoirs de la rue du Bac à Paris, dans le 7ème arrondissement.

Elle a sûrement changé de secteur.


Tandis que Dieu, tel Cannabis, s’obstine.

On l’a encore vu, il n’y a pas si longtemps, à Uccle, chez les Judith Bisumbu, les Rachel Mpanu-Mpanu, les Marie-José Engulu et les Ben Mavinga, s’évader d’une cabine à haute tension, les vêtements déchirés, les mains et les cheveux cramés, le visage noirci… tandis que de la fumée lui sortait des oreilles, des yeux, des naseaux, du nombril, de l’anus et du tiche…

Pour « ajouter à son charme », Dieu

- Comme notre fille Hortense lorsqu’elle se prenait pour Mpongo Love !

boîtait légèrement.


Ainsi qu’on pouvait s’y attendre, cette dernière apparition de Dieu à Uccle a provoqué une panne de courant dans tout le quartier.


Et la grotte de Lascaux ?

Elle serait atteinte par la limite d’âge, perdrait beaucoup de ses couleurs et de ses formes…

Elle aurait été mise en vente rapide sur Internet.


Compagnie


Quand j’ai des puces de compagnie, j’engage le chat de Lianja

- Il s’appelle Ndoki !

comme nourrice pour s’occuper de mes puces pendant que je suis chez Delhaize, à la Poste de la chaussée de Boendael, aux Mutualités Socialistes de la rue de la Paix, à l’hôpital Saint-Pierre ou à l’Institut Bordet… Et que je fais des courses dans les magasins de la rue Malibran et que je réponds à des invitations et que je sors dans les bistrots de Matonge…


Cannabis doit prendre garde à ses fesses !


Dieu et Darwin


Dieu, dont l’emploi du temps était (à l’époque) très chargé et qui refusait de donner la vie à un trublion antiaméricain, a définitivement oublié de créer Darwin.

C’est ainsi que Darwin a été bien obligé de se créer tout seul, peu à peu, avec les moyens du bord, évolutivement.


Quelle crise alimentaire mondiale ?


Et voici que les dignitaires des Cours impériales de Chine, d’Inde et de Russie découvrent peu à peu le chocolat et

- Brusque flambée des cours du cacao aux bourses de Londres, New York, Paris et Amsterdam !

l’apprécient de plus en plus.


Et voilà que des émeutes de la faim

- Qu’on distribue des truffes et des capotes à ces traîne-misère!

éclatent à Abidjan…


Et moi, comme tout le monde

- Sauf les aut’gens, douchka!

- Sauf qui ? Quels autres ? Quels gens ? Qui les paie ? Pour qui roulent-ils ? Avec quel carburant ?

je roule, je décolle, je navigue, je m’éclaire, je m’éclate, je chante, je danse, je surfe sur internet, je chasse la neige qui encombre les pistes de ski, je zappe les programmes de la téloche, je construis de nouveaux buildings et de nouvelles lignes de TGV, je congèle, je ventile, je climatise, je fais bouillir mon linge, je cuisine et je chauffe écologiquement ma piscine

- Tout se bouffe, petite chérie ! Tout carbure ! Et ça pue vachement moins que le pétrole ! Et ça pollue moins aussi !

au soja, à l’huile de palme, au blé, au maïs, aux pâtes, aux mangues, aux bananes, aux oranges, à la pomme de terre, à l’igname, au manioc, au riz, au pondu, au mfumbwa, au gombo, au ngai-ngai, aux farines animales, au rôti de porc, aux mabumu de boeuf, à la cuisse de poulet, à l’œuf d’autruche, au steak de thon, au makayabo, au mpiodi, au nzombo, au mboto, au mongusu, aux lentilles, aux haricots de Goma et à ceux du Bas-Congo, au café, au

- Ou au chocolat, à ma convenance, petite chérie !

thé, au sucre ou

- Ou sans !

aux premières klottes des jeunes filles et

- On bouffe tout ! Tout se consume, petite chérie ! Il y a du feu partout !

aux dernières snotebellen des jeunes garçons…


Manifestations de mécontentement populaire à Kumasi, Bobo-Dioulasso, Kpalimé ou Ibadan... Pillage des entrepôts... Braquage des transporteurs... Saccage

- Qu’on foute trois pralines dans la tronche des mutins ! Qu’on administre le sida à tous les morbacs de ces djimakpla et de ces va-nu-culs !

des plantations...


Vivr la outopia !


Je voudrais vous présenter un nouvel ami.

Il a vingt-quatre ans et s’appelle Kleomenis. Il s’est fait choper par les flics, dans la nuit du 8 au 9 avril 2008, vers 2h30, alors qu’il taguait

- Je n’y suis pour rien, moi ! Je passais la nuit à Bordet !

un mur du Palais de Justice de Bruxelles après en avoir tagué un autre

- Vivr la outopia !

dans la rue des Minimes, non loin de la rue Wynants


Il est difficile de fendre la gueule des gens


Moi, depuis que je suis tout jeune3, ce que je veux, c’est vivre autrement, inventer une autre façon d’écrire : écrire et vivre parmi les gens, les impliquer, les compromettre, créer des garrots, renvoyer l’ascenseur dans la gueule des gens, « être » immédiatement sur la balle, ne jamais lâcher prise, frapper vite, frapper fort, frapper juste, me relire à peine, ne pas attendre, ne pas dépendre, ne pas plaire, ne pas être nominé ou retenu, ne jouer le jeu de personne, n’être au service des intérêts de personne, être résolument non-recyclable, prendre des risques, ne jamais faillir, ne sortir indemne d’aucune « aventure » (littéraire ou autre), choisir ses lecteurs et les transformer en personnages, laisser un message sur leur répondeur : « Nos chambre donnent

- Pas moyen de faire la sieste !

juste chez vous… and to get back on touch with me…”, m’associer à leurs turpitudes (et les associer aux miennes), tâtonner, éprouver, donner à goûter, tenir compte de l'avis de tout le monde, ne jamais renoncer, partir au hasard sans carte ni sauf-conduit, ne jamais garder la mémoire de ce qu’on a déjà fait, tout de suite passer à autre chose, « personnaliser » à l’extrême, recevoir des coups, régler des comptes, ne jamais fuir, présenter chacun à chacun, ne jamais accepter d’être montré en public (dans un cirque ou sur un podium), ne jamais être consommé, ne jamais devoir louer mon ventre à des touristes pour me payer une bouffe ou une chambre à l’hôtel, garder la maîtrise, identifier mes partenaires, cibler, repérer, racoler, draguer, coller-serrer, contraindre, adorer …

J’écris et puis…

je jette, dans les pieds des gens et puis..

les gens ramassent et puis…

jettent, dans les pieds des gens et puis…

les gens…


Oui mais

- Ça sent le vieux slip rance, tout ça !

ce cirque est bientôt fini, n’est-ce pas ?


Maintenant que le corps (les rognons saucés à la moutarde ou flambés à l’armagnac et servis dans une assiette en carton) et la tête (la mémoire qui coule dans le bidet ou tombe dans la cuvette des chiottes) ne suivent plus… je constate que, effectivement, je ne supporte

- Soulageons-les ! Leur vie est monstrueuse ! Il faut la leur enlever !

plus vraiment de voir et d’entendre mes personnages geindre et grimacer et, par voie de conséquence, je suggère

- Avec enthousiasme !

qu’on les euthanasie tous, héroïquement…


Dieu

ma femme mariée

- Non ! Pas elle ! Pas encore!

Cannabis et

le tram 81...

même s’ils n’ont pas par écrit formulé de demande expresse en ce sens...

même s’ils ne paraissent pas toujours devoir manifester de grands scrupules à me survivre…


C’est de très mauvais goût, n’est-ce pas ?

- Pfff ! Ça traîne encore un peu, quoi ! On attend toujours de rire !


Qu'attend le Peuple pour agir ?


Lundi 14 avril, la Poste met en vente une série spéciale de timbres "le tram".

Un tram 81, décoré pour l'occasion, circulera pendant deux mois entre Montgomery (départs à 8h30, 11h et 11h 30) et Heysel ((9h45, 12h 15 et 14h 45)...

avant d'être fractionné, sectionné, tronçonné en juillet prochain !

Et si on lançait un mouvement pour le rétablissement du tram 81 dans

- Comment aller de l'appartement de mon père (au coin de l’avenue de Tervuren et de la rue des Tongres), voire de la baraque de mon grand-père (au n°120 de l’avenue de Tervuren) jusqu’à la résidence doctorale de Filip De Boeck (boulevard de Smet de Naeyer) en passant par le garage d'Ali Kaya (à La Chasse, rue Mont du Chêne, donnant sur l’avenue des Casernes), le home de Jipéji (chaussée de Boendael) et la Maison du Livre de Joëlle Baumerder (rue de Rome, pas loin de la Barrière de Saint-Gilles et du Parvis) sans prendre le bus ou le métro, ni changer de tram ?

son ancien trajet ?


Correspondance particulière


Monik Dierckx se demande

- Je pense à une action collective (un écrit collectif) que nous, les groupies (ou anti-groupies ?) de ddl pourrions mener : une liste exhaustive et commentée des grandes différences entre lui et chacun de nous. On en aurait pour des années ! Et il serait OBLIGE de lire tout ça …

- Excellente idée ! J’vais pouvoir manger à tous les râteliers !

comment lutter efficacement contre un narcissisme de plus en plus envahissant…


L’avènement de Moto Mosusu (note de la rédaction… pour « barrer » rapidement cette histoire-là de narcissisme-là… que ça ne circule pas trop sur le net)


Sans doute

- Très certainement, douchka !

- Merci, petite (salope, connasse, traîtresse) chérie !

Monik a-t-elle raison. Aussi, en ce début de troisième série, vais-je devoir faire un « pas de côté » et disparaître, pendant quelques mois (semaines, jours, heures, minutes, secondes ?), du casting des « Huppé cul »…


Je revends donc

- Pour « faire semblant » ! Comme les Bulankos à l’époque de la zaïrianisation !

mes parts dans l’entreprise « Huppé cul » et, dorénavant, à la place de « Je », j’écrirai « un autre », alias « Moto Mosusu ».


On essaie, pour voir ?

- Moto Mosusu roule, Moto Mosusu décolle, Moto Mosusu navigue, Moto Mosusu s’éclaire, Moto Mosusu s’éclate, Moto Mosusu chante, Moto Mosusu danse, Moto Mosusu surfe sur internet…

« Pas mal + » dirait Yan Nkoy…


Ben oui...

Sauf que je n’aime pas trop que « ma femme mariée » devienne « la femme mariée de Moto Mosusu », eh !

On en reparlera ?


1 Je n’ai pas non plus été blessé à l’œil gauche par une carabine à plombs en cherchant à m’évader du jardin d’Eden d’un couvent catholique nazi où j’exerçais la profession de forçat de guerre. Et je n’ai jamais

- Quetter-jeter ! Et pourtant, ça t’aurait fait le plus grand bien, douchka !

travaillé comme saute-au-paf dans un bordel de Santa Cruz de Ténériffe, ni été vierge rue du Bac ou barmaid aux Bains-Douches !


2 Sur le marché du travail, évidemment. Après un accouchement, un décès, un divorce.


3 J’étais encore trop jeune et trop con lorsque l’armée belge tirait sur la canaille à Grâce-Berleur, en 1950, et que Julien Lahaut se faisait abattre par un supposé agent d’ un « service » du Royaume pour avoir crié « Vive la République ! ». Mais je ne fais pas non plus partie de la génération des « hippies » du festival de Woodstock, édition d’août 1969, ni (oufti !) de celle des branleurs égolâtres, lanceurs de tartes prépayées et jeteurs de pavés en caoutchouc de « mai 1968 »… futur professeurs émérites à la Sorbonne, directeurs départementaux adjoint des impôts, chevaliers du Mérite agricole (ou des Arts et des Lettres) et officiers de l’Empire britannique, députés européens et nouveaux philosophes autoproclamés (BHL et autres dangereux fumistes et cabotins : Finkielkraut, etc). Ma génération est celle qui a « grandi » entre 1956 et 1961, entre l’enlèvement d’Ahmed Ben Bella, la catastrophe du Bois du Cazier, la sortie de «What'd I Say», l’assassinat de Patrice Lumumba et le débarquement de la Baie des Cochons…